J’ai fait un drôle de rêve cette nuit.
J’ai rêvé qu’aux prochaines élections présidentielles c’est une femme qui était élue et ça me faisait plutôt plaisir. Sauf que…
Sauf que cette femme se révélait être celle dont on entend beaucoup parler ces temps-ci : Marine Le Pen.
Sourire crispé (genre dents de la mer), discours offensif, guerrier. Ah ! on allait voir autre chose qu’avec ce mollasson de François Hollande.
On allait quitter la zone euro, on allait quitter l’Europe et revenir à nos vieilles valeurs bien françaises.
Moyennant quoi notre économie allait faire un bond en avant et bientôt le chômage endémique ne serait plus qu’un mauvais souvenir socialiste.
Car bien sûr on allait embaucher français et renvoyer dans leur pays tous ces immigrés qui mangent notre pain et qui coûtent si cher à nos services sociaux.
La présidente avait été élue avec plus de 60% des voix et une grande partie de ses électeurs provenait de la classe ouvrière (enfin de ce qui reste de la classe ouvrière).
Je me suis réveillé en sursaut bien content de retrouver la crise, l’euro, notre président qui fait ce qu’il peut et le soleil enfin revenu après tous ces jours de mauvais temps.
Un rêve, même un mauvais rêve, on s’en remet, ça n’a rien de bien grave.
Et puis j’ai allumé la radio pendant que passait le café du petit déjeuner.
Ils nous parlaient encore de sondages.
Marine Le Pen est en forte hausse, quelque chose comme 40% d’opinion favorable, 40% de bons français qui sont convaincus qu’avec elle tout ira beaucoup mieux, que tout ira bien.
Mais ce qui m’a vraiment fait mal c’est d’apprendre que dans la classe ouvrière ce pourcentage de bonne opinion flirtait avec les 50%.
Ils ont dû se planter, les sondeurs.
Quand j’étais ouvrier quelle honte ça aurait été de cautionner un parti de droite, encore plus d’extrême droite.
Car en ce temps-là, ça voulait dire quelque chose être de gauche.
La gauche de Jaurès nous avait offert les congés payés et bientôt la semaine de 40 heures.
La droite de Pétain nous avait envoyé travailler en Allemagne, dans le cadre du STO.
Les patrons étaient de droite mais surement pas les ouvriers.
Comment pouvez-vous croire, camarades, que l'extrême droite va vous favoriser.
L'extrême droite a toujours été du côté des brutes, des voyous, des racistes et sûrement pas du côté des travailleurs.
Si les sondeurs disent la vérité, qu’est-ce qui nous arrive ?
Est-ce que je suis en train de vivre mon cauchemar ?